LES SIGNES QUE LE GABON VA MAL (ACTE I) : POURQUOI LE POUVOIR HÉRÉDITAIRE?




Depuis un an, ce que nous allons appeler la « république héréditaire », nous est tombée dessus. Chers lecteurs, rassurez vous, cette appellation est une ironie, car nous savons très bien que dans les termes, parler d’une république héréditaire est un contre-sens. Notre pays reste une dictature déguisée en république, et ceux qui dirigent le Gabon, des tyrans qui essaient de se donner une carapace de démocrates. Le tout relayé par des contremaitres de l’information travestis en journalistes, des intellectuels-charlatans incapables de se regarder dans la glace et nous expliquer pourquoi leur soutient à Ali Bongo à un sens qui sort des préoccupations stomacales. Et enfin des religieux qui vont à gauche à droites vendre des idées dites « jubilaires » pour le Gabon aux nombreux désespérés que Bongo ont crée au pays à cause du déni d’opportunité et de liberté. Mais pourquoi donc les Bongo tiennent-ils tant à ce pouvoir héréditaire?

1. Pour perpétuer l’impunité et le pillage il fallait que le pouvoir devienne héréditaire
Une république a en principe, une forme de gouvernement qui n’est pas successible. En fait étymologiquement, le terme république s’oppose même à celui de royauté. Le pouvoir de Bongo père a connu de nombreux échecs. Mais les gabonais étaient près à tourner la page car nous avions tout raisonné, enfin la plupart d’entre nous, en nous disant que le prochain président du Gabon saurait apprécier les échecs du régime Bongo et les corriger, car personne ne voudrait faire pire que le père Bongo. Ce serait vraiment une tragédie pour le pays. Le régime Bongo père allait servir de leçon au prochain président du Gabon en termes de ce qu’il faudrait éviter. Car nous avions le culot de penser que les échecs, on peut toujours les corriger, en apprenant bien les leçons. Mais les tyrans qui ont confisqué le Gabon de puis 40 ans, et qui ont développé un très décadent gout du luxe et de l’argent facile, tenaient à conserver leurs privilèges ; et à ce prix, leur immoralité et malhonnêteté ne leur permettaient pas le moindre risque. Il devint alors tres clair que de ces gens, on ne pouvait ni attendre, ni espérer la moindre illusion d’un changement. C’est ainsi que dans la foulée du Togo, le modèle héréditaire fit recette au Gabon. Les réseaux françafricains sont séduits par la transmission du pouvoir de manière héréditaire, car elle leur assure la continuité de manière fluide et à moindre coût politique. Dans ces conditions, et après l’expérience amère des Français (du point de vue françafricain) en Côte d’Ivoire, la tentation d’installer un héritier, auquel on lègue pouvoir et fortune, devint très grande et fit son chemin.

2. L’instauration de la république héréditaire au Gabon est une garantie certaine de perpétuation de l’échec.
Au Gabon, en principe, aucune règle constitutionnelle ne prévoit explicitement un pouvoir héréditaire. Mais, dans la pratique, la constitution gabonaise c’est comme de la pate à modeler appartenant à Mborantsuo, en ce sens qu’elle en dispose comme elle veut, et n’a des comptes à rendre qu’à ceux qui l’ont placé à son poste, c'est-à-dire à la famille Bongo. Quand aux gabonais qui boudent en descendant dans la rue, on leur envoie des escadrons de la mort. A ceux qui maugréés dans leur coin, on fera parader des courtisans assurant la promotion de « l’émergence » dans les medias d’état, pour prêcher la bonne nouvelle. Malgré l’hostilité des gabonais dans leur ensemble, au pouvoir héréditaire, les membres du clan Bongo sont persuadés qu’ils vont en faire le mode normal d’accès au pouvoir au Gabon ; ce avec l’assentiment des amis français qui, suivent l’évolution des choses avec un silence approbateur et complice. L’expérience ayant été tentée, et Ali Bongo ayant succédé à son père, les principaux protagonistes se sont retrouvés avec la réalisation de leurs désirs, sauf naturellement le peuple Gabonais. La famille Bongo a gardé le pouvoir, les intérêts français n’ont pas été inquiétés, et le pays se maintient dans une position figée qui peut basculer si nous ne faisons pas attention. Avec l’hérédité au sommet de l’état, nous assistons à la mise en place de petits royaumes à tous les échelons de l’état. On voit des «ayant droit» propulsés dans la hiérarchie du pouvoir, sans qu’on ne sache réellement quelles sont leur compétences. On leur prépare le terrain, comme ce fut le cas avec Ali Bongo, et le moment venu hop, ils sont chef d’entreprise, chef d’une institution etc. Et avec ce type de succession, ces héritiers ne changeront jamais les formules qui les ont conduits au pouvoir ; et donc le Gabon continuera à connaitre les mêmes carences que celles qui furent présentes sous Bongo père. Le résultat est donc prévisible : l’échec sera cuisant car nous avons les mêmes recettes qui ont déjà échouées, et qu’on nous ressert sous l’appellation « émergence ».

Le plus drôle est que ceux qui tiennent le Gabon prisonnier, utilisent la stabilité comme principal argument pour justifier le mode de succession héréditaire dans notre pays. Pas de changement brutal, disent-ils, une transition en douceur, et tout le monde continuera de faire des affaires comme avant ; c’est le discours qu’ils tiennent. Mais pour nous autres n’épousant pas cette vision, ça ne passe pas car nous restons attachés à la transition démocratique et à l’alternance au pouvoir, qui ne sont malheureusement pas possibles dans le Gabon des Bongo.

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