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N° 600 25/11/2010
AFRIQUE/FRANCE
Guerre judiciaire autour des biens mal acquis
L'heure n'est pas à l'euphorie dans les milieux d'affaires tricolores en Afrique. Ils craignent des mesures de rétorsion suite à la décision de la Cour de cassation française, le 9 novembre, de juger recevable la plainte de Sherpa et Transparence International France dans l'affaire dite des "biens mal acquis". Cette décision permet d'enquêter sur l'origine de l'important patrimoine immobilier dans l'Hexagone de trois chefs d'Etat d'Afrique centrale. En attendant la nomination d'un juge d'instruction, la guerre des plaintes fait rage. Enquête.
"Tout sauf Total" au Gabon - Omar Bongo décédé, c'est autour du patrimoine de ses descendants que se concentreront les investigations. Une tâche complexe. L'ex-président gabonais a reconnu 52 enfants ! Le dossier de l'héritage, qui comprend les biens immobiliers acquis en France, est entre les mains de l'avocate Danyèle Palazo-Gauthier et de plusieurs notaires, parmi lesquels Lydie Relongoué-Bevignat et Christine Damiano-Conynck. Bien qu'il ait jugé cette affaire "sans importance", Ali Bongo, défendu par Me Patrick Maisonneuve, devrait - à nouveau - "s'intéresser" aux personnalités gabonaises toujours prêtes à relayer la cause de l'ONG Sherpa. Dans son viseur : Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon ; Marc Ona Essangui, responsable à Libreville du réseau international Publiez ce que vous payez ; ainsi que Gregory Ngbwa Mintsa. Le 12 novembre à Bangkok, ce dernier a reçu le Transparency Integrity Award décerné par TI. Mais le régime gabonais sait mobiliser ses propres ONG. Le Mouvement génération Omar Bongo Ondimba demande ainsi le boycott des produits de Total-Gabon à travers le slogan "TST" (Tout sauf Total). Pour sa part, la coalition d’ONG Cashbo, qui agirait sur recommandations d’hommes politiques français, vient de porter plainte contre TI-France pour "incitation aux troubles à l’ordre public".
Obiang hurle au "complot néocolonial" - De l’autre côté du Rio Muni, les avocats français d'Obiang Nguema - Olivier Pardo, Elisabeth Thomas-Werner et Ludovic Landivaux - sont vent debout pour mener la contre-attaque. Le 5 novembre, ils défendaient déjà, devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, les plaintes intentées en 2009 par le président équato-guinéen dans le même dossier contre le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). L'audience a été renvoyée au 24 juin 2011. Si l’émir d’Afrique centrale est peu inquiété, les premières investigations n'ayant identifié qu’un pavillon en banlieue parisienne, son fils et dauphin Teodorin est, lui, dans le collimateur. Aux Etats-Unis, son patrimoine et son train de vie ont été soigneusement décortiqués par le Permanent Subcommittee of Investigations du Sénat. Malgré la francophilie d'Obiang, les entreprises françaises pourraient souffrir dans ce pays, où les marchés s’obtiennent via des procédures de gré à gré. Air France, CFAO, France Télécom et Bouygues dominent leur secteur, tandis que Total et Bolloré tentent une discrète incursion.
Sassou tance ses lobbyistes - Longtemps réfugié derrière la figure tutélaire de son beau-fils Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso affiche en public une totale "zénitude". Mais, en coulisses, ses lobbyistes de tous poils - avocats comme journalistes - ont senti le vent du boulet. Pendant des mois, ils ont assuré au chef de l'Etat congolais que la plainte Sherpa/TI France n’aurait aucune suite… Emmené par le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) et le ministre des transports Isidore Mvouba, le gouvernement affûte maintenant sa stratégie. Brazzaville entend faire pression sur Paris pour que le juge désigné dans cette affaire soit le moins médiatique possible. Pour éviter toute surprise, les membres de la famille de Sassou disposeront désormais d’une "autorisation officielle de mission" avant tout déplacement en France. Du côté de l’opposition, la Plateforme congolaise contre la corruption et l'impunité (PCCI) de Benjamin Toungamani n'attend que la nomination effective du juge pour se porter partie civile. Ambiance...
N° 600 25/11/2010
AFRIQUE/FRANCE
Guerre judiciaire autour des biens mal acquis
L'heure n'est pas à l'euphorie dans les milieux d'affaires tricolores en Afrique. Ils craignent des mesures de rétorsion suite à la décision de la Cour de cassation française, le 9 novembre, de juger recevable la plainte de Sherpa et Transparence International France dans l'affaire dite des "biens mal acquis". Cette décision permet d'enquêter sur l'origine de l'important patrimoine immobilier dans l'Hexagone de trois chefs d'Etat d'Afrique centrale. En attendant la nomination d'un juge d'instruction, la guerre des plaintes fait rage. Enquête.
"Tout sauf Total" au Gabon - Omar Bongo décédé, c'est autour du patrimoine de ses descendants que se concentreront les investigations. Une tâche complexe. L'ex-président gabonais a reconnu 52 enfants ! Le dossier de l'héritage, qui comprend les biens immobiliers acquis en France, est entre les mains de l'avocate Danyèle Palazo-Gauthier et de plusieurs notaires, parmi lesquels Lydie Relongoué-Bevignat et Christine Damiano-Conynck. Bien qu'il ait jugé cette affaire "sans importance", Ali Bongo, défendu par Me Patrick Maisonneuve, devrait - à nouveau - "s'intéresser" aux personnalités gabonaises toujours prêtes à relayer la cause de l'ONG Sherpa. Dans son viseur : Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon ; Marc Ona Essangui, responsable à Libreville du réseau international Publiez ce que vous payez ; ainsi que Gregory Ngbwa Mintsa. Le 12 novembre à Bangkok, ce dernier a reçu le Transparency Integrity Award décerné par TI. Mais le régime gabonais sait mobiliser ses propres ONG. Le Mouvement génération Omar Bongo Ondimba demande ainsi le boycott des produits de Total-Gabon à travers le slogan "TST" (Tout sauf Total). Pour sa part, la coalition d’ONG Cashbo, qui agirait sur recommandations d’hommes politiques français, vient de porter plainte contre TI-France pour "incitation aux troubles à l’ordre public".
Obiang hurle au "complot néocolonial" - De l’autre côté du Rio Muni, les avocats français d'Obiang Nguema - Olivier Pardo, Elisabeth Thomas-Werner et Ludovic Landivaux - sont vent debout pour mener la contre-attaque. Le 5 novembre, ils défendaient déjà, devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, les plaintes intentées en 2009 par le président équato-guinéen dans le même dossier contre le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). L'audience a été renvoyée au 24 juin 2011. Si l’émir d’Afrique centrale est peu inquiété, les premières investigations n'ayant identifié qu’un pavillon en banlieue parisienne, son fils et dauphin Teodorin est, lui, dans le collimateur. Aux Etats-Unis, son patrimoine et son train de vie ont été soigneusement décortiqués par le Permanent Subcommittee of Investigations du Sénat. Malgré la francophilie d'Obiang, les entreprises françaises pourraient souffrir dans ce pays, où les marchés s’obtiennent via des procédures de gré à gré. Air France, CFAO, France Télécom et Bouygues dominent leur secteur, tandis que Total et Bolloré tentent une discrète incursion.
Sassou tance ses lobbyistes - Longtemps réfugié derrière la figure tutélaire de son beau-fils Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso affiche en public une totale "zénitude". Mais, en coulisses, ses lobbyistes de tous poils - avocats comme journalistes - ont senti le vent du boulet. Pendant des mois, ils ont assuré au chef de l'Etat congolais que la plainte Sherpa/TI France n’aurait aucune suite… Emmené par le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) et le ministre des transports Isidore Mvouba, le gouvernement affûte maintenant sa stratégie. Brazzaville entend faire pression sur Paris pour que le juge désigné dans cette affaire soit le moins médiatique possible. Pour éviter toute surprise, les membres de la famille de Sassou disposeront désormais d’une "autorisation officielle de mission" avant tout déplacement en France. Du côté de l’opposition, la Plateforme congolaise contre la corruption et l'impunité (PCCI) de Benjamin Toungamani n'attend que la nomination effective du juge pour se porter partie civile. Ambiance...
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