LA DIRECTRICE MARKETING DE “AFRICA’S EDEN” S’EXPRIME SUR LE RETRAIT DE SA SOCIÉTÉ DE LOANGO

Chers lecteurs, nous continuons de suivre pour vous ce dossier du retrait rocambolesque de « Africa’s Eden » du paysage de l’écotourisme Gabonais. Alors que le gouvernement gabonais reste muet sur la question, depuis 2 jours, les opérateurs de « Africa’s Eden » ont donné des interviews expliquant les raisons de leur retrait. Un des articles a été publié par le Journal « The Independent » de Londres, l’autre est paru dans « A World Different » qui se spécialise dans le tourisme. Vu le refus du gouvernement gabonais, d’éclairer les citoyens sur cette affaire, nous sur ce site donnons la parole à ceux qui s’expriment et allons donc vous traduire l’interview que la directrice marketing d’Africa’s Eden, Jacqueline Van den Broek, a accordée à « A World Different ». La traduction de l’anglais au français est de « Gabon Enervant».


Article publié le 29 Juillet 2010

Le tourisme gabonais-dont la majorité aurait du être faite de tourisme à objectif de développement durable- pourrait disparaitre à la fin de ce mois d’Aout. Le retrait subite d’Africa’s Eden, le principal initiateur de l’écotourisme dans ce pays, indique un désastre pour bien des gens qui avaient pleins de rêves ; pour la réputation du Gabon ; et pour ce secteur de son économie. La directrice marketing d’Africa’s Eden répond à nos questions.

A World Different (AWD): Pendant combien de temps êtes vous restée au Gabon?
Van den Broek: Africa’s Eden nait d’un projet pilote appelé Opération Loango, qui fut initié en 2001, avec pour objectif la conservation de la nature vierge du Gabon, à partir d’un écotourisme ciblé. Le parc national de Loango fut un des 13 crées en 2002, et son exploitation fut un succès grâce à la SCD (Société de Conservation et Développement) et à sa société mère, Africa’s Eden.
AWD : Qu’y avez vous investi?
Van den Broek: 15 million d’euros pour l’aviation, le tourisme, les infrastructures d’éducation (nous avons construit un centre de formation pour les éco-guides), et 3 million d’euros dans les projets de conservation à proprement parlé.
AWD: Pourquoi avez vous choisi le Gabon?
Van den Broek: Rombout Swanborn, le patron d’Africa’s Eden, a grandi au Gabon et il a voulu protéger son environnement à l’aide du développement durable.
AWD: Pouvez vous nous parler du patron d’Africa’s Eden?
Van den Broek: Rombout Swanborn a passé une partie de son enfance à Gamba, au Gabon. Quand il retourna au Gabon après plusieurs années, il remarqua que la forêt de l’Afrique Centrale était l’un des rares endroits qui restaient encore inaltérés par les humains, et il voulu y faire de la conservation. L’objectif d’Africa’s Eden fut d’établir l’Afrique Centrale, comme destination unique pour le tourisme de conservation et ainsi protéger son patrimoine naturel et culturel.
AWD: Qu’est-ce qui a mal tourné au Gabon?
Van den Broek: Nos négociations avec les autorités gabonaises de l’aviation civile (ANAC) ont mal tournées. Notre société d’aviation, SCD Aviation, qui opérait un charter régional transportant les touristes de la capitale Libreville jusqu’au parc de Loango, s’est heurtée au mauvais fonctionnement de l’autorité gabonaise de l’aviation civile, qui n’a pas su créer les conditions nécessaires pour un transport aérien sécuritaire et fonctionnel. Même certains membres influents du gouvernement n’ont pas empêché les disfonctionnements de cette agence. Notre société, SCD Aviation, s’est vu refuser avec insistance le renouvellement de son certificat d’opérer, malgré le fait que nous remplissions toutes les conditions requises. Une autre conséquence de cette situation problématique fut le fait que l’Union Européenne a mise en 2008, tous les transporteurs aériens gabonais sur la liste noire, a cause de nombreuses déficiences de l’ANAC d’assumer correctement la garantie de sécurité de ces compagnies aériennes. L’ANAC n’appliquait pas 93% des standards de l’OACI, ce qui fut la note la plus basse de cet audit mondial. Ces résultats firent de l’ANAC l’une des agence d’aviation civile les moins performantes du monde.
AWD: Avez-vous reçu un soutien gouvernemental?
Van den Broek: Possible, mais en vain. Ceci demeure aussi une de nos questions.
AWD: Mais le Gabon a bénéficié de beaucoup de publicité ces dernières années, comme destination de voyage. Pensez-vous qu’Africa’s Eden y a contribué?
Van den Broek: Africa’s Eden a toujours activement fait la publicité du Gabon à travers le monde. Grace à nous des publications comme la « National Geographic » and plusieurs documentaires sur la BBC et l’émission « Animal Planet » firent la promotion du Gabon. Nous avons aussi promu le Gabon à travers des conférences.
AWD: Pensez-vous que votre retrait va changer les choses pour le Gabon?
Van den Broek: Oui, je pense et j’ai bien peur que le Gabon ne perde sa présence sur la carte touristique mondiale. Sans une bonne infrastructure touristique dans les parcs nationaux, aucun développement touristique viable n’est envisageable.
AWD: A votre avis, êtes vous confrontée à une affaire de corruption? Comment analysez-vous la situation?
Van den Broek: Je suis mal placée pour me prononcer là dessus. Mais ce que je peux dire est que nous constatons déjà que l’annonce de notre retrait a résulté à un arrêt des visites des touristes vers le Gabon. D’autres pays comme le Malawi, le Cameroun, Sao Tomé and Principe vont continuer à faire des progrès dans ce sens et le Gabon sera perdant. En d’autres termes, quand on n’avance pas, on recule car si vous ne vous développez pas, les autres pays ne vous attendront pas.
AWD: Africa’s Eden est en faveur du tourisme écologique, n’est ce pas? Aviez-vous un effet positif en ce sens au Gabon?
Vandenbroek: Mais absolument. Surtout si vous considérez que nous y avons créé de nombreux emplois, et un système éducatif qui procuraient aux populations autour de Loango une base économique stable.
AWD: Combien de visiteurs a Africa’s Eden enregistré au Gabon?
Vandenbroek: Africa’s Eden réalisait 8000 visites par an.
AWD: Quelle va être votre prochaine action au Gabon?
Vandenbroek: Aussi longtemps qu’il n’y aura pas de réaction ou d’action de l’ANAC ou du gouvernement gabonais, nos installations resteront fermées.