LE PARADIGME DE LA PAIX EN VERSION GABONAISE APPARAIT COMME DU CHARLATANISME POLITIQUE
Anaclet Bissielo
En valeur absolue, on ne peut qu’approuver le concept de sociologie politique dénommé « paradigme de paix », qui soutient que des politiques soient élaborées autour d’une ambition de construction de la paix dans un environnement souvent volatile. On a par exemple appelé « paradigme de paix » l’arrangement, en Afrique du Sud, entre l’ANC et DeKlerk à propos des étapes qui devaient mener aux élections libres et démocratiques sanctionnant la fin de l’apartheid. Ce paradigme exigeait que l’ANC soit désarmée, que Mandela soit libéré, que les violences politiques cessent, que les forces de l’apartheid arrêtent de soutenir Buthelezi etc. On a encore parlé de paradigme de paix, en Irlande du Nord, au cours du processus de paix et de réconciliation intercommunautaire qui vit l’Armée républicaine irlandaise (IRA) déclarer un cessez-le-feu, après 30 ans de violence politique intense. Processus qui demandait aussi d’énormes concessions coté Royaume-Uni, et grâce auquel la signature de l’accord de paix du Vendredi Saint fut obtenue. Dans ces contextes, parler d’un paradigme de paix a un sens bien précis. Mais quand Anaclet Bissielo vient nous parler de paradigme de paix dans un contexte justificatif de la longévité politique d’Omar Bongo et de la succession héréditaire de 2009, nous ne pouvons que rejeter cette notion et cet accaparement opportuniste d’un concept sérieux dont se sert notre sociologue, pour tenter de justifier l’injustifiable.
1. Que veut dire Bissielo?
Evidement que nous n’avons pas reçu d’explications de Bissielo, concernant ce qui lui passe par la tête quand il situe la présidence des Bongo dans un paradigme dit de la paix. Néanmoins, au vu des déclarations faites à ce sujet par l’intéressé, nous nous permettons d’analyser ce qu’il aurait voulu dire. Il nous semble en effet que Bissielo voient dans les régimes Bongo (père et fils), les incarnations nécessaires et suffisantes au maintient de la paix au Gabon. Si nous suivons Bissielo dans sa logique, les gabonais devraient se contenter des Bongo au pouvoir, car l’alternative sera forcement la violence ou les risques de désintégration du pays, et ce risque nous ne pouvons le prendre. Chers lecteurs, imaginez le piédestal que Bissielo fait aux Bongo ! Sans eux, le Gabon n’est plus stable ; sans eux le pays serait en danger ; bref comme aurait dit le père, après eux, le chaos ! Mais chers lecteurs, arrêtons d’accepter que la grandeur de nos dirigeants se mesure à l'aune d’hypothétiques déchirements qui risqueraient de survenir si ceux-ci n’avaient plus le pouvoir, mais c’est une aberration tout de même ! Oui, monsieur Bissielo, le Gabon n’a pas connu de guerre sous Bongo. Mais étions-nous pour autant dans un pays de paix? Mais de quelle paix? La paix dans l'esclavage éternel que vous encouragez et même préconisez en nous demandant d’accueillir la continuité du fils comme la garantie de cette fameuse « paix ». Non monsieur Bissielo, votre paradigme de paix ne peut être reçu par nous, car la confiscation du pouvoir par la famille bongo nous empoisonne la vie.
2. Pourquoi un intellectuel pourrait prendre des positions qu’il sait être contraire à la logique ?
Bien malin serait celui qui pourrait y répondre avec certitude. Mais dans le cas de Bissielo, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous interroger sur ses motivations, car son fameux paradigme de paix à la gabonaise, ou à la bongoïste, n’a aucun antécédent historique ; nous disons bien aucun ! Il n’y a en effet, aucun exemple historique où on demanda à un peuple d’accepter la dictature et la soumission en échange de « la paix », et cet arrangement se termina bien. Il n’ya, nous le répétons aucun exemple historique. Staline fut un dictateur cruel et tortionnaire, qui disait utiliser la violence pour assurer « la paix » en URSS. Pourtant il fut contesté de partout. Ceausescu, fut le grand timonier qui assurait « la paix » en Roumanie, il a fini abattu par ses propres forces de sécurité. Le Marechal Tito fut le garant de « la paix » et de l’unité de la Yougoslavie qui fut un pays artificiel comme le Gabon, collé de toute pièce. , pourtant les différents peuples décidèrent de se séparer en fin de compte et le pays se désintégra suivant des clivages naturels ethno-religieux. On peut parler de Franco en Espagne, de royaumes pétroliers du Golfe qui disent être les garants de « la paix » devant la montée islamiste, etc. Le côté pernicieux de l’argument de Bissielo est que pendant que d’un flanc, tous les gabonais savent aujourd’hui que seul le pouvoir pour le pouvoir intéresse les Bongo, lui Bissielo sur l’autre flanc, enrobe cette prédation dans un tissu opposant l’évacuation des Bongo au maintient de la paix au Gabon. Il utilise donc l’argument sécuritaire pour instiller la peur dans le cœur des gabonais, et créer une paralysie qui ne permettra pas aux gabonais de défaire le nœud politique que représente les Bongo au pouvoir, et par la même, le maintient du statu quo.
En fait, la théorie de Bissielo joue les pompiers de service au bongoïsme. La désintégration du pays dans la violence est le bâton que brandit notre sociologue, par opposition à la carotte, qu’il présente aux gabonais comme étant la famille Bongo. Mais cette pilule ne passera pas, car s’il reste une parcelle de probité à Bissielo, il doit savoir au fond de lui qu’il ne puisse pouvoir transformer le mensonge en vérité. Les Bongo sont à la tête d’un régime de brigandage, qui ne recule devant rien pour confisquer le pouvoir. Ça, Bissielo le sait. Toutes les justifications qu’il pourrait y apporter n’y changeront rien.
En valeur absolue, on ne peut qu’approuver le concept de sociologie politique dénommé « paradigme de paix », qui soutient que des politiques soient élaborées autour d’une ambition de construction de la paix dans un environnement souvent volatile. On a par exemple appelé « paradigme de paix » l’arrangement, en Afrique du Sud, entre l’ANC et DeKlerk à propos des étapes qui devaient mener aux élections libres et démocratiques sanctionnant la fin de l’apartheid. Ce paradigme exigeait que l’ANC soit désarmée, que Mandela soit libéré, que les violences politiques cessent, que les forces de l’apartheid arrêtent de soutenir Buthelezi etc. On a encore parlé de paradigme de paix, en Irlande du Nord, au cours du processus de paix et de réconciliation intercommunautaire qui vit l’Armée républicaine irlandaise (IRA) déclarer un cessez-le-feu, après 30 ans de violence politique intense. Processus qui demandait aussi d’énormes concessions coté Royaume-Uni, et grâce auquel la signature de l’accord de paix du Vendredi Saint fut obtenue. Dans ces contextes, parler d’un paradigme de paix a un sens bien précis. Mais quand Anaclet Bissielo vient nous parler de paradigme de paix dans un contexte justificatif de la longévité politique d’Omar Bongo et de la succession héréditaire de 2009, nous ne pouvons que rejeter cette notion et cet accaparement opportuniste d’un concept sérieux dont se sert notre sociologue, pour tenter de justifier l’injustifiable.
1. Que veut dire Bissielo?
Evidement que nous n’avons pas reçu d’explications de Bissielo, concernant ce qui lui passe par la tête quand il situe la présidence des Bongo dans un paradigme dit de la paix. Néanmoins, au vu des déclarations faites à ce sujet par l’intéressé, nous nous permettons d’analyser ce qu’il aurait voulu dire. Il nous semble en effet que Bissielo voient dans les régimes Bongo (père et fils), les incarnations nécessaires et suffisantes au maintient de la paix au Gabon. Si nous suivons Bissielo dans sa logique, les gabonais devraient se contenter des Bongo au pouvoir, car l’alternative sera forcement la violence ou les risques de désintégration du pays, et ce risque nous ne pouvons le prendre. Chers lecteurs, imaginez le piédestal que Bissielo fait aux Bongo ! Sans eux, le Gabon n’est plus stable ; sans eux le pays serait en danger ; bref comme aurait dit le père, après eux, le chaos ! Mais chers lecteurs, arrêtons d’accepter que la grandeur de nos dirigeants se mesure à l'aune d’hypothétiques déchirements qui risqueraient de survenir si ceux-ci n’avaient plus le pouvoir, mais c’est une aberration tout de même ! Oui, monsieur Bissielo, le Gabon n’a pas connu de guerre sous Bongo. Mais étions-nous pour autant dans un pays de paix? Mais de quelle paix? La paix dans l'esclavage éternel que vous encouragez et même préconisez en nous demandant d’accueillir la continuité du fils comme la garantie de cette fameuse « paix ». Non monsieur Bissielo, votre paradigme de paix ne peut être reçu par nous, car la confiscation du pouvoir par la famille bongo nous empoisonne la vie.
2. Pourquoi un intellectuel pourrait prendre des positions qu’il sait être contraire à la logique ?
Bien malin serait celui qui pourrait y répondre avec certitude. Mais dans le cas de Bissielo, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous interroger sur ses motivations, car son fameux paradigme de paix à la gabonaise, ou à la bongoïste, n’a aucun antécédent historique ; nous disons bien aucun ! Il n’y a en effet, aucun exemple historique où on demanda à un peuple d’accepter la dictature et la soumission en échange de « la paix », et cet arrangement se termina bien. Il n’ya, nous le répétons aucun exemple historique. Staline fut un dictateur cruel et tortionnaire, qui disait utiliser la violence pour assurer « la paix » en URSS. Pourtant il fut contesté de partout. Ceausescu, fut le grand timonier qui assurait « la paix » en Roumanie, il a fini abattu par ses propres forces de sécurité. Le Marechal Tito fut le garant de « la paix » et de l’unité de la Yougoslavie qui fut un pays artificiel comme le Gabon, collé de toute pièce. , pourtant les différents peuples décidèrent de se séparer en fin de compte et le pays se désintégra suivant des clivages naturels ethno-religieux. On peut parler de Franco en Espagne, de royaumes pétroliers du Golfe qui disent être les garants de « la paix » devant la montée islamiste, etc. Le côté pernicieux de l’argument de Bissielo est que pendant que d’un flanc, tous les gabonais savent aujourd’hui que seul le pouvoir pour le pouvoir intéresse les Bongo, lui Bissielo sur l’autre flanc, enrobe cette prédation dans un tissu opposant l’évacuation des Bongo au maintient de la paix au Gabon. Il utilise donc l’argument sécuritaire pour instiller la peur dans le cœur des gabonais, et créer une paralysie qui ne permettra pas aux gabonais de défaire le nœud politique que représente les Bongo au pouvoir, et par la même, le maintient du statu quo.
En fait, la théorie de Bissielo joue les pompiers de service au bongoïsme. La désintégration du pays dans la violence est le bâton que brandit notre sociologue, par opposition à la carotte, qu’il présente aux gabonais comme étant la famille Bongo. Mais cette pilule ne passera pas, car s’il reste une parcelle de probité à Bissielo, il doit savoir au fond de lui qu’il ne puisse pouvoir transformer le mensonge en vérité. Les Bongo sont à la tête d’un régime de brigandage, qui ne recule devant rien pour confisquer le pouvoir. Ça, Bissielo le sait. Toutes les justifications qu’il pourrait y apporter n’y changeront rien.
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