FOR AN AUTHENTIC INDEPENDENCE! POUR UNE INDÉPENDANCE AUTHENTIQUE!






English Version

On this day commemorating the independence of Gabon, this blog would like to wish all of the Gabonese who believe in true independence, to really want it! There is no true independence, as long as we are not autonomous, that is to say, as long as we do not freely express our specificity, as long as our institutional apparatus is exclusively in the hands of a clan; as long as, just like currently, our economy is trapped in an evil synergistic delta. For the 55th anniversary of our imperfect independence, we offer you this poem by Léon Damas, whose title is "Sell out". It is a poem that the author dedicated to his friend Aimé Césaire.

SELL OUT

I feel ridiculous
in their shoes
in their tuxedo
in their dress shirt
in their collar
in their monocle
in their bowler hat

I feel ridiculous
with my toes that were not made
to sweat from morning to evening’s undressing
with swaddling that weakens my limbs
and lifts from my body its loincloth beauty

I feel ridiculous
with my neck a smokestack
with these headaches that stop
every time I greet someone

I feel ridiculous
in their drawing rooms
in their ways
in their bows
in their multiple need for monkey-antics

I feel ridiculous
with all they talk about
until they serve you in the afternoon
a little warm water
and some rheumy cakes

I feel ridiculous
with the theories they season
to the taste of their needs
of their passions
of their instincts open at night
like a doormat


I feel ridiculous
among them accomplice
among them pimp
among them cut-throat
hands frightfully red
with the blood of their ci-vi-li-za-tion



Version française

En ce jour commémorant l’indépendance du Gabon, ce blog voudrait souhaiter à tout Gabonais qui croit à l’indépendance, de la vouloir vraiment vraiment! Il n’y a pas encore d’authentique indépendance, tant que nous ne sommes pas autonome, c’est-à-dire tant que nous n’exprimons pas librement notre spécificité, tant que nos formes institutionnelles appartiennent exclusivement à un ensemble clanique ; tant qu’à l’heure actuelle, notre économie est enfermée dans un maléfique delta synergique. Pour le 55ième anniversaire d’une indépendance imparfaite, nous vous proposons ce poème de Léon-Gontran Damas, dont le titre est «Solde». C’est un poème que l’auteur dédia à son ami Aimé Césaire.


« Solde »

«J'ai l'impression d'être ridicule
Dans leurs souliers
Dans leurs smoking
Dans leur plastron
Dans leur faux-col
Dans leur monocle
Dans leur melon

J'ai l'impression d'être ridicule
Avec mes orteils qui ne sont pas faits
Pour transpirer du matin jusqu'au soir qui déshabille
Avec l'emmaillotage qui m'affaiblit les membres
Et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe

J'ai l'impression d'être ridicule
avec mon cou en cheminée d'usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu'un

J'ai l'impression d'être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries

J'ai l'impression d'être ridicule
avec tout ce qu'ils racontent
jusqu'à ce qu'ils vous servent l'après-midi
un peu d'eau chaude
et des gâteaux enrhumés

J'ai l'impression d'être ridicule
avec les théories qu'ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson

J'ai l'impression d'être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion »

(Recueil «Pigments Névralgies» 1972, éd. Présence Africaine)

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