ANDRE MBA OBAME: EL FENOMENO
Beaucoup de choses ont changé depuis la mort d’Omar Bongo ; son fils est présidents, un grand nombre d’anciens indéboulonnables du PDG sont passés dans l’opposition ; certains hommes politiques se sont révélés être encore plus bas que prévu, en allant cirer les bottes du fils après avoir bu l’eau des pieds du père. Mais une chose est restée, André Mba Obame est toujours aussi percutant et efficace qu’il le fut quand il vendait ses capacités cognitives à Omar Bongo; et fit du mouvement des rénovateurs, une force politique au sein du PDG. On peut dire avec assurance que c’est André Mba Obame qui est responsable de la carrière politique d’Ali Bongo, car Mba Obame fut son tuteur et professeur dans le mouvement des rénovateurs. Peut être que le malentendu entre les deux aujourd’hui vient du fait que Mba Obame connaisse la vraie valeur d’Ali Bongo, qui ne pèserait pas très lourd en qualités intrinsèques. Mais en françafrique, ce n’est pas nécessairement un handicap.
Pendant la campagne d’Aout 2009, André Mba Obame (AMO) a réussi un impossible tour de force. Changer complètement la perception que se faisait de lui la majorité des Gabonais en 30 jours, de tortionnaire de la république, de courtisan bongoïste dévoué mettant en prison des gens comme Marc Ona-Essangui ou Gregory Ngbwa Mintsa, en espoir du peuple, en apôtre du changement et de la rupture. Ça il fallait le faire ! AMO réussira non seulement son pari, mais il prendra complètement le contrôle, le temps d’une élection, de toute l’actualité politique au Gabon. Les meetings d’AMO sont de vrais événements ; il s’exprime avec aisance, trop d’aisance, sur la politique Gabonaise et son devenir. Ses prestations sont si « excellentes » du point de vue médiatique et communicatif que le message de ses adversaires est totalement noyé. Malgré tous les moyens à la disposition d’Ali Bongo, l’écart de talent entre AMO et lui est tellement criard que dans un pays à élections fiables il n’y aurait jamais eu match, comme on dit au quartier.
La force d’AMO est qu’il semble toujours exploiter au bon moment les faiblesses de ses adversaires, et comme le Brésilien Ronaldo de la grande époque qui faisait lever les foules par ses dribbles chaloupés et déroutants, AMO est capable de désarçonner tout le monde en un instant et quand les gens s’aperçoivent de son mouvement, il est déjà trop tard. La preuve de cette capacité vient encore d’être faite avec l’épisode de la déclaration faite au journal « L’Express ». Pendant que le PDG et Ali Bongo allaient en congrès extraordinaire tentant de réaffirmer que ce parti-état restait solidement en place et contrôlait l’environnement politique Gabonais, AMO depuis Paris leur a démontré que le PDG ne valait rien, et que le pouvoir Ali Bongo était frileux. En plaçant une petite phrase assassine dans son interview, AMO a saisi toute l’attention du Gabon, des PDGistes, non PDGistes, militaires et piques assiettes en tous genres. La réaction cacophonique du PDG a permis à tout le monde de se rendre compte que ce parti avait désormais des penseurs très médiocres qui peinent à trouver leur marque. Et cette médiocrité PDGiste contrastait avec l’image de bloc solide que présentait l’UN d’AMO, qui restait strictement campé sur son message et solidaire des propos de son secrétaire General. Ce dernier savait aussi que ses propos étaient partagés par la majorité des Gabonais et donc qu’en les prononçant, il s’attribuait une confortable approbation psychologique de la population. Une autre forte image que cet épisode a permis aux Gabonais d’entrevoir, est la médiocrité du directoire du PDG qui à une exception près ou deux, n’a pas en son sein des gens capables de tenir tête au groupement de « Galacticos » que rassemble l’UN. Côté PDGiste, que vaut Boukoubi devant un AMO ? Que vaut un Nzouba devant un Oye Mba ou Eyeghe Ndong ? Même Myboto a plus de présence politique que la plupart des PDGistes. En mettant sur pieds ce parti, AMO vient encore de démontrer ses capacités d’anticipations.
Il est clair qu’André Mba Obame est un être brillant, cultivé, et aussi un redoutable stratège politique, tenace, obstiné, et maniant la langue et le discours avec beaucoup de subtilité. Mais on ne peut pas oublier que 20 ans durant, il utilisa ses talents pour aider les Bongo à déminer et plomber toutes les tentatives d’alternance au Gabon. Ceci est aussi valable pour les autres « galacticos » de l’UN. Six mois d’opposition ne sauraient faire oublier toute une vie à oppresser le Gabon et les Gabonais. Si par contre, il se dégageait de la démarche d’AMO et ses amis de l’UN, un PROGRAMME net, clair et précis pouvant mener de façon crédible à l’alternance, alors peut-être, oui, la réconciliation avec la population peut être considérée et même souhaitée. Mais c’est à peu près tout, car le verbiage et les dribles déroutants d’el fenomeno, ne seront pas suffisants pour attirer les Gabonais qui ont désormais les yeux bien ouverts, et n’exigent qu’une chose : le départ des Bongo du pouvoir. Toutes les autres solutions du type cohabitation, partage du pouvoir etc., seront en deçà des attentes de la plupart des Gabonais. Plus que quiconque, André Mba Obame sait qu’aligner des « stars » sur le papier ne garantit pas la réussite. Les Galactiques du parti « UN » l'ont bien prouvé car, malgré leur opposition à Ali Bongo, ce dernier a réussi à gravir les marches du pouvoir au Gabon. Si Mba Obame ne veut pas rejoindre la liste d’obscures personnes brillantes qui passèrent à côté de leur destin, il doit aider le Gabon à se débarrasser du bongoïsme et non seulement faire impacte dans les media, mais sans grande conséquence là où ça compte, c'est-à-dire sur le terrain à la tête du Gabon.
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