LE PDG MET EN PLACE SA « SOUTHERN STRATEGY »
C'est parti pour la course de vitesse au ravitaillement des colonnes du PDG. Ce jour, on a vu dans l’immense cour théâtrale qu’est devenu le Gabon, Monsieur Mouloungui, ci-devant ministre des PME, renier avec énergie ses convictions d’hier, pour témoigner de sa foi profonde en sa nouvelle religion, le PDGisme. L’homme qui hier encore passait sur les chaines de télévisions Françaises pour dénoncer le caractère scabreux du pouvoir Bongo-PDG, ne jure plus que par lui aujourd’hui. L’homme a confessé ses errements d’hier, ses mauvais choix et a dit désormais croire trois dieux au ciel, qu’Ali Bongo était le messie. J’exagère à peine. La veille, c’était Bunduku-Latha et un inconnu du MAD qui tenaient des conférences de presse annonçant leur ralliement. Ces ralliements ne sont que les premiers d’une série qui a été préparée par les marionnettistes du pouvoir Bongo. Comme vous le savez bien, ils aiment les effets d’annonce même quand dans les faits tout le monde sache que ces opposants n’en sont vraiment pas et que ces ralliements ne sont pas vraiment nécessaires puisque ces individus n’étaient jamais très loin. Le temps presse, il faut faire le plein pour le congres du 12 Mars.
Il est impossible de comprendre et interpréter la situation politique du Gabon, sans prendre en compte les événements décisifs qui s’y sont déroulés en Aout et Septembre dernier. Il faut les considérer comme ayant fortement altéré le paradigme PDGiste précédent. Avant la campagne de 2009, tous les observateurs s’accordaient à penser qu’en termes démographiques, dans une élection libre et transparente, la victoire se jouerait en pays Fang (Estuaire, Moyen-Ogooué, Woleu-Ntem) et Merié (Ngounie/Nyanga et la ville de POG principalement). La campagne et les intentions de vote ont démontré que ces régions n’avaient aucun appétit pour un rejeton Bongo aux amarres du Gabon. Apres la comédie de Mborantsuo qui légalisait des chiffres fictifs et installait Ali Bongo au pouvoir, il devint clair que la fracture sociologique était accomplie au Gabon. En regardant les pièces sur l’échiquier Gabonais et après quelques pétards mouillés que le PDG a essayé en allant rencontrer les populations par le truchement de gens comme René Ndemezo’Obiang et des ministres de l’estuaire et du Sud, les décideurs du PDG ont conclu qu’ils avaient plus de chance de consolider leur pouvoir en allant pêcher du côté de Pierre Mamboundou que de celui des autres membres de « l’opposition ». Ils ont donc lancé une opération perverse que je baptise « stratégie sudiste », par analogie à la « Southern Strategy » du Parti Républicain aux USA. Cette stratégie est basée sur un constat qui fait penser aux éminences grises du PDG qu’elles auraient plus de chance de casser le monopole de l’UPG dans certaines zones, que d’essayer d’aller chercher plus au Nord. L’idée maîtresse est de mettre en avant la promotion des cadres de ces régions, et de les utiliser pour séduire et appâter ensuite les masses en leur disant de façon subliminale : regardez les ministres Moundounga, Mouloungui, etc., regardez le Secrétaire Général adjoint de la Présidence, regardez la distribution des postes etc., etc… « On est ensemble » si vous voulez bien manger, bien vivre, faites comme Angélique Ngoma….
Ainsi les ralliements qu’on observe veulent démontrer au grand public le nouveau visage du PDG qui sera résolument territorial et plus que jamais tourné vers le Sud à court terme. Pour gagner ce pari, il s’agit pour le PDG d’élargir sa base dans cette région. Au vu de la situation, les stratèges du PDG se sont dit qu’ils tenaient déjà solidement le pied droit et le pied gauche, pour parler comme le père de l’ethnisme au Gabon Guy Nzouba-Ndama, c'est-à-dire le Haut-Ogooué et l’Ogooué-Lolo. Il leur revient donc de s’emparer de POG, de la Ngounié et de la Nyanga et ils auraient une coalition qui serait difficilement altérable. C’est ce qui explique l’hyperactivité ambiante qu’on a observé à POG, où sitôt après avoir annoncé son ralliement au PDG, se rendrait Mouloungui dans les tout prochains jours, pour « rencontrer » les populations. Si cette convergence géographique se matérialisait, le PDG n’aurait pas besoin du Nord du pays et d’ailleurs se serait mieux ainsi, pensent-ils.
Il est notoirement connu que les élections sont truquées au Gabon. Mais il s’agit de sauver les apparences en donnant l’impression d’une certaine popularité. Le PDG ne veut plus avoir à souffrir ce qu’il a connu pendant la dernière élection, où son impopularité était tellement évidente que la seule explication de sa victoire réside dans la fraude. Mais la « Southern Strategy » à la sauce Gabonaise ferait une victime, Pierre Mamboundou, à moins qu’il ne prenne les devant et annonça soit son retrait de la politique, soit qu’il fasse ouvertement alliance avec le régime. Si Par contre Mamboundou décide de continuer à camper l’UPG dans l’opposition, il sera attaqué par ses propres lieutenants d’hier, sur son propre territoire. Il se dit que Mouloungui va briguer la députation. Dans les prochains jours, il va falloir observer ce que diront les Mamboundou, Kombila, Ndao à POG, tous membres de l’ACR. Vont-ils aller à la bataille contre le PDG ou alors se fondre dans la nouvelle majorité présidentielle ?
Sachant que la société politique Gabonaise est essentiellement constituée d'opportunistes, de situationnistes, de perfides personnages prompts à contredire aujourd'hui leur décision ferme d'hier. Je ne me fais pas trop d’illusion sur la capacité de résistance de nos politiciens. Je sais que très peu ne tomberont pas dans l'opportunisme. Mais à ceux comme moi qui se refuse à ce machiavélisme géographique, à mes frères des régions convoitées, et non convoitées, je conseille d’user d’intelligence, et de patience, de beaucoup de patience, soyons capable d'encaisser et de nous préparer jusqu'au moment où… Mais marchons la tête haute dans notre dénuement.
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