LE GESTIONNAIRE DU PETROLE GABONAIS
Il est né à Porto-Novo au Benin en 1944, son nom d'origine est Samuel Ahovè Dossou, auquel il a ajouté Aworet histoire d'arrondir les angles de susceptibilité des Gabonais. Un peu comme Brou qui a ajouté Apanga à son nom pour les mêmes raisons. Ingénieur de formation, Bongo père en a fait le gestionnaire exclusif des parts des revenus pétroliers revenants au Gabon. L'homme est aujourd'hui l'une des plus grandes fortunes du Gabon et d'Afrique. Dans un article du magazine Américain Harper's, paru en Mars 2009 et ayant pour titre "Invisible hands: The secret world of the oil fixer", Dossou est décrit comme l'une des 3 personnes qui comptent le plus dans le marché pétrolier d'Afrique noire, les 2 autres étant deux libanais dont les bases sont au Nigeria, Ely Calil et Gilbert Chagoury.
1. L'origine de la fortune de Dossou: le pétrole Gabonais
Quand Elf-Aquitaine s'aperçoit de l'importance des réserves pétrolières au Gabon, dans le milieu des années 60, ce pays devient hautement stratégique pour la France et il faut placer "l'homme qu'il faut" à sa tête. Cet homme sera Albert Bernard Bongo. Au début des années 70 quand la production gabonaise atteint les sommets, Jacques Foccart et les pétroliers d'Elf mettent en place un système de corruption des régimes pétroliers Africains appellé le « protocole Guillaumat », du nom d'un des bâtisseurs de l’empire pétrolier Français. La juge, Eva Joly, dans son rapport sur le scandale d'Elf Aquitaine, écrira que ce système fut mis en place pour rendre le plus opaque possible les revenus du pétrole des états Africains et mieux alimenter avec cet argent, les caisses noires des politiciens Français en donnant une quote-part aux rois nègres au passage. Les chefs d'états Africains ont besoin d'hommes de confiance pour gérer ces systèmes très sensibles. Dossou sera l'homme choisi par Omar Bongo pour cette besogne. Le système comprend 3 phases: a) les « bonus » liés aux phases exploratoires dans la recherche des nouveaux puits; b) la part prélevée sur chaque baril de brut commercialisé, environ un dollar par baril ; qui revient au chef d'état Africain à titre personnel; c) les « préfinancements », qui sont des prêts que contractent les présidents Africains auprès des sociétés pétrolières, en gageant la production futur. Ce système était encouragé par la France qui y voyait un moyen de "tenir" les pays Africains dans un cercle vicieux d'endettement. Les présidents Africains endettaient leurs pays auprès des sociétés pétrolières auxquelles en retour, ils ne pouvaient plus rien refuser et la boucle se refermait. Le rôle de Dossou était de contrôler ces circuits financiers pétroliers au compte de Bongo et lui servir de prête nom dans ces transactions. Dossou faisait reverser cet argent sur les comptes personnels d’Omar Bongo et sa famille à la Fiba (actuelle BGFI), ou dans des paradis fiscaux comme Monaco ou le Lichtenstein. Cet argent circulait entièrement hors des rouages de l'état Gabonais. Ce fut un manque à gagner pour le pays se chiffrant en milliards de dollars. Les 2 hommes de confiance de Bongo dans ce système seront André Tarallo le président d’Elf Gabon, et Samuel Dossou Aworet. D'après Eva Joly, les sommes versées à Bongo via Tarallo et Dossou, sont d’environ 10 millions de dollars US par trimestre. Imaginez 10 millions de dollars par trimestre, ca fait 40 millions par an et si les paiements ont duré 40 ans, c'est 1,6 milliards de dollars rien qu'en paiement occulte d'Elf qui échappèrent à la fiscalité Gabonaise. On imagine que le même dispositif fut en place avec Shell Gabon et les autres sociétés. Si vous faites le compte, il est assez facile de s'imaginer l'immense fortune qu'accumulèrent les Bongo et leurs intermédiaires comme Dossou.
2. Discret au Gabon, mais très actif au Benin
Alors que les étudiants Gabonais réclamaient à corps et à cris le paiement de leur bourses d'études en Janvier et Février 2010, et que la Gabon a toutes les peines du monde à remplir le cahier de charges de la CAN 2012, le parking du centre national des œuvres universitaires du Benin s'enrichissait de 2 bus haut de gamme flambant neufs. Ces bus de marque Mercedes furent réceptionnés par ministre Béninois de l'enseignement supérieur. Ces bus ont couté la bagatelle de 125 millions de francs chacun et furent le généreux don de Samuel Dossou le 8 février 2010.
Le mot de circonstance de Samuel Dossou se lisait: "conscient des peines quotidiennes des étudiants pour quitter leurs résidences pour le campus d'Abomey-Calavi ou pour y retourner, Samuel Ahovè Dossou laisse parler son cœur et offre ainsi à ces jeunes universitaires deux bus climatisé. A travers ce don, 200 étudiants d'Abomey-Calavi verront leur misère soulagée chaque jour au Bénin". Vous avez certainement remarqué que nulle part dans ce texte il est question d'un quelconque "Aworet". Donc quand on rentre au Benin, le patronyme de circonstance "Aworet" disparait comme par enchantement. Les étudiants Gabonais qui eux n'ont pas de bus, ne font pas parti des plans caritatifs de notre cher "Aworet" national. Inutile de vous rappeler que notre Aworet est toujours en poste auprès d'Ali Bongo, à la même fonction que celle qu'il exerçait du temps du père. Son fils vient d'ailleurs d'épouser la fille d'Ali Bongo. Ah l'émergence et ces boucles qui se referment toujours. Il faut préciser que Dossou a aussi lancé une association qui est censée s'occuper de charité en Afrique. Mais quand on prend connaissance des actions c'est généralement au Benin à 90%, et une petite école en campagne à Port-Gentil (voir www.f-espaceafrique.com/). Pas grand chose pour le pays sur le dos duquel il s'est sucré. C'est ça aussi la continuité de l'émergence.
Hotep sn i,
ReplyDeleteJ'aime tes articles. Pourrais tu me communiquer ton mél? J'ai une proposition a te faire dans le domaine de la rédaction d'un journal. POur commencer je te donne mon mél: bmengone@yahoo.fr.
En espérant te lire,
NRAMER
Merci,
ReplyDeleteContact email: charliemdem@gmail.com
Charlie M.