LA VÉRITÉ EST IRRÉFUTABLE, MEME LORSQU'ELLE EST DITE PAR ANDRÉ MBA OBAME
Toute vérité est bonne à lire, à entendre, d'autant plus qu'au Gabon le monde de l'information analytique est très superficiel et la vérité y est souvent trafiquée. C'est pourquoi ce blog qui refuse d'occulter la réalité du terrain, se félicite des récentes sorties d'André Mba Obame dans L'Express et Jeune Afrique. Il est bon de rappeler que Jeune Afrique est un magasine suspect et corrompu qui manque totalement de crédibilité, mais comme on dit, "même une horloge cassée donne l'heure exacte 2 fois par jour". Il est aussi bon de rappeler qu'André Mba Obame fut au centre du Bongoïsme ambiant avec Ali Bongo et que leur scission intrigue tout le Gabon et est sujette à bien des interprétations. Mais il y a longtemps que ce blog a appris qu'en politique il n'y a pas d'amitié, il n'y a que des collaborations.
Il convient donc de braquer les projecteurs sur les déclarations de Mba Obame, avant qu'elles ne se retrouvent ensevelies dans les ténèbres de l’ignorance, intentionnellement enterrés dans la profondeur du silence par ceux à qui profite le crime.
1. Le pavé est jeté dans la mare: "un coup d'état pourrait arriver au Gabon"
Paul Leroy défini un coup d’Etat comme étant: "un changement de gouvernement opéré, hors des procédures constitutionnelles en vigueur, par une action entreprise au sein même de l’Etat au niveau de ses dirigeants ou de ses agents. Cette action (…) est soudaine et sollicite généralement la force" (« Le coup d’Etat », in O. DUHAMEL et Y. MENY, Dictionnaire constitutionnel, Paris : P.U.F, 1992, p. 240). En déclarant dans L'Express, qu'une telle action pouvait se produire au Gabon, André Mba Obame, vient de crever le dernier abcès qui était logé inconfortablement dans l'arrière train des Gabonais et qui leur permettait de s'évader en répondant à chaque fois qu'on leur demandait pourquoi les Gabonais étaient si passifs: "la paix, la paix, la paix". En dressant un tableau sans complaisance de la situation du Gabon, on peut arriver sans trop de risques de se tromper, à la même conclusion qu'André Mba Obame. Il est vrai qu'en principe, le coup d'état est une forme d'accession au pouvoir à dénoncer; mais dans le cas du Gabon, il est malheureusement le seul moyen de déverrouillage du pays dans les circonstances actuelles. Les signes avant-coureurs sont pourtant perceptibles au Gabon; notamment le muselage de la dissidence, le refus d’alternance par noyautage des institutions du pays avec à la clé les élections truquées, le "massage" de la constitution pour supprimer tout mécanisme ou clause de limitation des mandats, des milices qui n'ont de républicaines que le nom et servent à préserver le régime d'une famille…
Il y a donc au Gabon, vu le ras le bol de la population, un haut risque de voir naitre un appel au coup d’État « libérateur», qui forcera le changement de régime et favorisera l’alternance. Combien de temps encore pourra t-on imposer aux Gabonais une fausse vie politique apaisée? L’exigence d’élections libres et transparentes n'ayant pas été observée en 2009, quelle alternative reste aux Gabonais qui puisse les conduire à l'alternance?
2. Second pavé: "les institutions au Gabon ne valent que ce que valent ceux qui les dirigent".
Cette vérité dite par Mba Obame dans les colonnes de Jeune Afrique, est absolument et indubitablement irréfutable. On se demande d'ailleurs pourquoi Mba Obame a attendu tout ce temps pour dire ce que tous les Gabonais considèrent comme un fait en acier trempé. Le Gabon est désormais une monarchie qui ne dit pas son nom. Les institutions dites républicaines, y compris militaires, n'ont que des rôles de chien de garde de la famille Bongo, car ces institutions n'interviennent que pour assurer la pérennité du régime héréditaire Bongo. Quel est le Gabonais assez fou pour penser aujourd'hui que Mborantsuo pourrait un jour avaliser des résultats électoraux donnant Ali Bongo, ou un tout autre Bongo pour perdant?
Loin de défendre ou de justifier les coups d’État, il reste malheureusement peu d'options disponibles aux Gabonais qui leur offriraient aujourd'hui, les conditions de créer un environnement propice à l’essor de la démocratie. Le risque est donc grand que le jusqu'au boutisme s'installe et que nous assistions à la résurgence d'une velléité de coup d’état, car les partenaires internationaux comme l'Union Africaine, pas plus que l'ONU, malgré leurs pouvoirs de dissuasion, ne sont pas en mesure ou ne veulent pas faire pression sur les dirigeants actuels pour garantir des élections libres et transparentes aux populations Gabonaises et leur droit à l'alternance démocratique.
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