EN FRANÇAFRIQUE, ON NE CHANGE NI UNE EQUIPE, NI UNE METHODE QUI GAGNE
Tous les signes sont révélateurs, il est peu probable que la Françafrique change, malgré tous les discours de bonnes intentions de part et d'autre. Les intérêts en jeux sont trop importants, ce qui favorise le statu quo.
En pleine campagne électorale de 2007, Sarkozy prétendait vouloir normaliser les relations entre la France et ses anciennes colonies. Force est de constater qu'une fois élu, aucun changement palpable n'est au rendez vous. On peut juste affirmer après analyse de la situation Gabonaise, qu'en fait la France cherche à déguiser la même politique, d'une apparence différente. Elle va faire la même chose que par le passé tout en clamant haut et fort que les relations changent. Le plus drôle est que plus la France s'ancre dans l'Europe, plus sa politique Africaine parait rétrograde; car cette politique Africaine reste guidée par des considérations de lobbies souvent déconnectées de toutes réalités Africaines, et une militarisation d'une autre époque qui ne tient que rarement compte des aspirations des populations Africaines.
Mais la France raisonne, face au bilan de la Françafrique, sur le principe de l'avocat du diable. Assurément, les défenseurs du statu quo vous diront que du point de vue Français, la politique françafricaine a démontré une considérable robustesse et une continuité à toute épreuve. Cette politique Africaine a permis à la France de générer des dividendes énormes en terme de relations internationales à l'ONU, et aussi de produire d'importants revenus pour l'économie Française grâce à la sécurisation en exclusivité et sans compétition, par la France, des ressources naturelles Africaines. Avec le recul, on peut dire sans risque de se tromper que des grands groupes Français tels: Accor, Air France, Bolloré, Bouygues, Total, pour ne citer que ceux là, ne seraient pas ce qu'ils sont aujourd'hui sans l'Afrique. Sans oublier que le Franc CFA permet à la France d'exercer un contrôle total sur la politique monétaire des pays membres.
Deux évènements méritent attention quand aux dangers et excès de la Françafrique: le rôle de la France dans les conflits Rwandais (1994) et Ivoiriens (2004). Dans les deux cas et à 10 ans d'intervalle, la France s'est royalement plantée. Au Rwanda, c'est la France qui entraina et arma l'armée Hutu et suite à la déroute de cette armée face à Kagamé, c'est la France qui évacua les hauts gradés génocidaires de cette armée, par hélicoptère. C'est sous protection Française, avec son opération turquoise, que les génocidaires s'enfuirent vers la RDC. De manière similaire, en Novembre 2004, des images filmées par des courageux Ivoiriens révélèrent au monde entier que les soldats Français avaient tiré sur des manifestants sans armes à Abidjan. La France venait de tuer 64 Ivoiriens et en blesser 1300, parce qu'elle trouvait Gbagbo antipathique. En France, les seules images qui passèrent à la télévision, furent celles des familles Françaises évacuées. On ne vit pas les corps Ivoiriens décapités par l'armée Française. L'opinion Africaine tirait ses conclusions; même en France, quand il s'agit de l'Afrique, la liberté de presse a ses limites. La France voudra même utiliser son joker françafricain, Omar Bongo, pour faire plier Gbagbo, mais ce dernier balaiera la proposition de médiation de Bongo du revers de la main en disant: "Bongo est un rigolo".
Parce qu'elle en tire d'énormes avantages, la France éprouve une reluctance à abandonner la Françafrique. Cette méthode de gouvernance lui a rapporté gros, et ces revenues sont importants parce que la France reste économiquement vulnérable. Le Magazine Américain Fortune dresse un bilan annuel des plus grosses corporations de la planète. Pour l'année 2009, sur la liste des 500 plus grandes entreprises du monde, les USA en comptent 140, le Japon 68 et la France 40. Plus symbolique encore, le numéro 1 Français, Total, sur cette liste arrive en 6ieme place; et nous savons tous que sans l'Afrique et l'histoire d'Elf, les revenus de Total n'auraient pas été ce qu'ils sont aujourd'hui. Donc l'économie Française doit une fière chandelle à l'Afrique. Les autres groupes Français qui font la loi en Afrique ne pèsent pas lourd sur le plan mondial. Donc s'ils perdent l'Afrique, leur existence même serait compromise. Dans l'automobile, le premier Français, Peugeot, n'est que 75 ième sur cette liste, alors que Toyota le numéro 1 mondial de l'auto est en 10ieme place sur la liste des plus grosses corporations du monde. Areva qui fait la pluie et le beau temps au Niger et au Gabon n'est que 480 ieme sur la liste mondiale; et Bolloré qui se prend pour un génie des ports Africains, n'est même pas sur la liste. Vous comprenez que ces entreprises Françaises, en dehors de l'Afrique, ne pèsent pas un clou; voila pourquoi elles s'accrochent à la Françafrique; c'est la bouée de sauvetage. C'est pour eux, la méthode qui gagne. Par conséquent, on garde la même équipe car le coach, la France, en a confiance.
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