LE NAUFRAGE: L'ÉMERGENCE COULE
On peut imaginer la conversation, pendant les préparatifs de la prise du pouvoir par Ali Bongo. Il y a là tous les décideurs du Gabon, c'est-à-dire Robert Bourgi, Jean Didier Roisin, Mborantsuo, Lemboumba, Ali Bongo et quelques autres. On peut presque les entendre dire en consensus: " Pourquoi pas juste s'imposer? De toute façon les Gabonais sont des enfants; il suffira une fois Ali installé, de les distraire avec ce qui ressemblera à une grande action pédagogique. On va leur parler comme à des enfants: on vous apporte l'émergence, alléluia l'émergence arrive, émergence, émergence. A ceux qui seront sceptiques et poseront trop de questions, on va leur dire: vous êtes des enfants donc intellectuellement mineurs, et pour l’instant, vous n’avez pas droit à la parole ... Et s'ils insistent, on utilisera une méthode qui a fait ses preuves avec les enfants; vous savez, une paire de gifles peut s’avérer efficace face à ces récalcitrants et nous avons les forces de sécurité pour ça, n'est-ce pas?"
1. Quand le faux décor s'effondre
L'arnaque qu'est "l'émergence" n'a pas floué les Gabonais pendant longtemps. En ce moment, tous les baromètres indiquent que les Gabonais en général, jugent de manière défavorable l'action d'Ali Bongo et son gouvernement. Apres l'effet de surprise et de la curiosité, la population Gabonaise au vu des faits sur le terrain, remet en cause le paquet d'inepties que lui distillent Ali Bongo depuis des mois. Elles sonnaient pourtant bien, ces mesures bongoïstes, quand elles étaient destinées à illustrer les discours de campagne. Le nouveau bongoïsme dit "émergence" se proposait de donner corps à une idéologie de récompense des plus méritants (eh oui, on peut toujours rêver), de célébration de la réussite méritée grâce à la force de travail, etc. Les griots applaudissaient à perdre haleine, et les dubitatifs restaient muets sachant qu'avec le temps, ce discours sonnerait comme un pathétique mensonge. Et ce qui devait arriver arriva. Le pouvoir est donc pris au piège dans son discours, car ces mesures ne portent aucun fruit. Le pouvoir est face à de mauvais choix, avec pour alternative, soit se renier et désavouer ce qui lui reste comme base de soutien, soit maintenir le cap vers le précipice, et apparaître pour toujours comme un gouvernement d’imbéciles rigides et autistes qui se sera évertué à poursuivre des voies sans issues. La réalité reste que l’ensemble des mesures et décisions prisent par Ali Bongo se sont illustrées dans leur continuité bongoïste, c'est-à-dire, la récompense de la bonne clientèle (ce sont toujours les Baloche, et Hassan Hejeij, qui ont les contrats), de la famille (qui contrôle aujourd'hui, tout comme hier, les régies financières au Gabon?). On continue d'assister systématiquement à une politique qui veuille que certains se voient reconnu un droit à s’enrichir sans limite pendant que les autres s'appauvrissent dans l'indifférence. Le principe reste que les Bongo se confortent dans leur souhait de pouvoir jouir de leur patrimoine de pouvoir, jusqu’à leur mort pour ensuite le transmettre à leurs enfants en franchise héréditaire. Ceux qui n’ont que leur travail pour espérer améliorer leur niveau de vie se voient exclus de ce genre d'ambitions qui sont des domaines réservés. Le plus désopilant dans tout ça est que l'opposition n'a eu rien à faire pour provoquer l'effondrement de l'émergence dans l'esprit des Gabonais, le pouvoir a fait le travail tout seul. L’opposition, bâillonnée qu'elle est, a vu le pouvoir se discréditer tout seul grâce à son torrent de démagogie que furent ces mesures si vite emballées qu’elles n’ont jamais été débattues dans leur contenu ou leur finalité. On se retrouvait avec un pouvoir cafouillant. Qui au Gabon d'aujourd'hui fait encore attention à ce que dit Ali Bongo, Biyoghe Mba, Boukoubi ou tous ces quelconques ministres? "L'émergence" n'a jamais constitué une stratégie économique. Aucune des mesures d'Ali Bongo n’a été présentée dans ses discours en termes d’effets attendus, mais toujours en termes de principes ambigus et vaseux. Ce vide n’a pas tardé à apparaître au grand jour, aux populations, au point qu'aujourd'hui, "l'émergence" n'est plus qu'une farce bonne à alimenter les discussions de bars. L’ensemble de ces mesures apparaissent aujourd'hui aux populations Gabonaises, comme étant au mieux inutiles, au pire nuisible.
2. Le coup de massue des inspecteurs de la CAF
Ceux qui offraient encore à "l'émergence" un quelconque crédit, viennent de voir voler en éclat leur "avenir en confiance". L’incapacité du gouvernement Ali Bongo à tenir ses promesses vient d'être mise en évidence par Monsieur le vice président de la Confédération Africaine de Football (CAF), le Général Seyi Memene, un Togolais. Ce dernier, en visite d'inspection des infrastructures de la CAN 2012 au Gabon, a été estomaqué par le retard pris par le Gabon et la lenteur des travaux entrepris. Au sortir de sa visite, cet inspecteur de la CAF a accordé une interview au vitriol à RFI, dans laquelle il déclarait qu'au lieu de lui montrer des hôtels, les "émergents" du COCAN Gabonais sont allés lui présenter des villas privées comme lieux d'hébergements des délégations de la CAN. Hors, ces résidences privées n'ont jamais fait parti du contenu du cahier de charge. La honte! Quand les émergents ont réalisé que leurs promesses en l'air ne seraient pas vérifiées sur le terrain, ils ont baladé le pauvre Seyi Memene, comme un mouton, dans tous les recoins du Haut-Ogooué, pour lui montrer tout sauf ce qu'il voulait voir, des stades et des hôtels. Rien de rien, des promesses encore des promesses et toujours des promesses. Hors de lui, le général Togolais a donné un ultimatum de 2 mois au Gabon avant que la décision finale de la tenue ou non de la CAN au Gabon ne soit prise. Dans la panique qui a suivi cet ultimatum, le gouvernement Gabonais a fait ce qu'il sait faire de mieux: une autre déclaration télévisée dans laquelle il promettait "de tout mettre en œuvre" pour réaliser toutes les infrastructures. Ah ces bongoïstes, donc jusqu'à présent ils n'avaient pas mis "tout en œuvre pour la CAN". C'est maintenant qu'ils vont se mettre au travail et tout construire en 1 an, car toutes les infrastructures doivent être livrées 6 mois avant la compétition. Ce communiqué de presse nous dit aussi que ce n'est que maintenant qu'Ali Bongo "a donné des instructions" pour inscrire dans la loi des finances 2010, les lignes budgétaires pour la réalisation des différents chantiers. Mais quand il promettait en Aout que la CAN se ferait, il pensait qu'on allait la jouer où? Et payer comment pour tous les travaux? Vous voyez où mène l'amateurisme? Vers la honte et l'incompétence! N'oublions pas que la récente inspection était la quatrième du genre au Gabon, et la deuxième depuis Aout 2009. Donc quand Ndemezo'o et Ali Bongo se disent surpris, il faut se poser des questions. Franchement, comment prendre une telle bande de zigotos au sérieux? Ce sont eux qui vont transformer le Gabon en Dubaï? Pauvre de nous!
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