POURQUOI L’ALTERNANCE AU GABON N’ARRIVERA PAS PAR LES URNES
Les plus optimistes des Gabonais, qui veulent croire aux chances de l’alternance par la voie des urnes telle que proposée par le parti « Union Nationale », citent volontiers les cas du Benin et du Mali comme preuves du fait que l’alternance électorale soit possible en Françafrique. Mais ce que ces optimistes d’un impossible fantasme oublient, c’est que le Mali a dû brutalement se séparer de Moussa Traoré par la force pour finalement se nettoyer de toute la salissure de la dictature et mettre sur pied les jalons d’une démocratie qui fait la fierté de l’Afrique aujourd’hui. La même chose s’est passée au Benin où Nicéphore Soglo avait réussi à s’imposer à Kerekou grâce au forcing de la communauté internationale, avant que Soglo lui-même soit bon prince en s’écartant à son tour par la voie des urnes. En ce qui concerne le Gabon, le système Bongo est tellement enraciné qu’aucune chance d’alternance par les urnes n’est envisageable.
Le paradigme de l'alternance au Gabon, doit être examiné froidement en tenant compte des réalités du terrain, et non comme une hypothèse théorique. Le Gabon est pratiquement sous état d'urgence et des dissertations sur l'alternance ne sont vraiment pas ce dont le pays a besoin, mais plutôt des méthodes et des plans crédibles pour arriver à cette alternance. Il est malhonnête de dire aux Gabonais que les prochaines législatives mèneront à l'alternance quand on sait que ceci est une impossibilité. En effet, qui aujourd'hui puisse estimer que le rendez-vous des urnes en 2011, pourrait donner lieu à une saine concurrence électorale? Tout Gabonais honnête sait qu'aucune élection se déroulant dans l'état actuel des choses ne serait libre. Le régime Bongo veut bien introduire quelques modifications en surface, mais il n'opérera jamais la rupture démocratique nécessaire, car ce serait signer son arrêt de mort.
Vu le comportement équivoque de l'opposition Gabonaise qui croit encore aller aux élections, la balle est désormais dans le camp des différents activistes nationaux qui eux, semblent prendre conscience qu'ils peuvent être un facteur de changement. Les activistes comme Marc Ona-Essangui, Gregory Ngbwa-Mintsa, Daniel Mengara, Bruno Ben Moubamba (avant son entrée dans "l'UN"), et d'autres, sont les seuls à parler un langage réaliste et dire clairement aux Gabonais que tant que les choses demeureront en l'état actuel, la hiérarchie bongoïste continuera de bloquer le processus démocratique au Gabon. Il s'agit donc de DETRUIRE d'abord le péché originel qu'est le bongoïsme, pour que le Gabon ait une chance d'avancer. Donc dans ce contexte, toute personne demandant aux Gabonais d'aller à des élections se moque du peuple.
Ali Bongo a été appuyé par la France, les milieux d'affaires Corses, les forestiers, les pétroliers; il contrôle l'armée, c'est sa famille qui contrôle les finances du Gabon, et c'est sa belle mère qui dirige la cour constitutionnelle. Qui peut penser que cet assemblage mafieux se laisserait déposséder de sa poule aux œufs d'or par des fichues élections législatives? Faut pas être fou! Ces gens qui nous disent qu'ils seraient capables d'obtenir l'alternance par le vote, veulent nous séduire en nous proposant une omelette sans avoir à casser des œufs. Ce n'est pas réaliste. Quelques mois après l'élection présidentielle, on sent qu'Ali Bongo enracine son pouvoir petit à petit, avec dans la rue des chars des unités qui le soutiennent et sont prêtes à casser du Gabonais s'il le fallait. On en est malheureusement là. Ce régime est un danger et une calamité pour le pays. Prétendre que la réponse serait d'aller aux élections est se foutre du monde.
Comme il n'y a plus lieu de composer avec l'opposition Gabonaise (les partis politiques), les activistes devraient former des plateformes d'action sur le modèle utilisé par Marc Ona et Gregory Ngbwa-Mintsa dans l'affaire des biens mal acquis. Ils devraient s'organiser pour que leur revendications se transforment en mouvements organisés à la base populaire, et se donne une présence écrite forte et internationale par voies de presse et de media indépendant sur internet. Ensuite, il est important que nos activistes aient des revendications clairement formulées, et que ceux qui exercent l'autorité publique soit clairement identifiés. A ce sujet, la lettre de Marc Ona et Gregory Ngbwa-Mintsa à Sarkozy était un bon exemple.
Si nous ne prenons pas les choses en main et suivions aveuglement les partis politiques, nous resterons dans le sous-développement politique qui confortera la privatisation de l'Etat en affaire Bongo, et nous n'aurons pas pris conscience que les détenteurs de l'autorité publique doivent rendre compte de son usage. Se débarrasser d'Ali Bongo et du bongoïsme doit être le seul mot d'ordre. Il faut mettre le régime Ali Bongo sous la pression de la population Gabonaise. Comme cela s'est produit dans d'autres pays, il suffirait de résoudre la question militaire et mettre Ali Bongo hors d'état de nuire, pour voir apparaître des forces qui s'organiseront pour diriger l'Etat dans le cadre de l'alternance électorale. Les Bongo partis, le Gabon aura la chance de la mise en place d'une démocratie procédurale.
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